Na mezhi / На межі
Dakha Brakha
Durée : 56 min 42
Leur nom semble imprononçable. Comme une formule tout droit sortie d'un conte de fée. Ce sont les Dakha Brakha. Un garçon, trois filles, venus d'Ukraine et vêtus de costumes traditionnels. Avec leurs chants polyphoniques et leurs coiffes sur la tête, ils mêlent tradition et modernité, accordant des instruments ancestraux avec des influences hip-hop et des rythmes dubstep. Le groupe, formé il y a une dizaine d'années, compose peu mais reprend des chants populaires. Une musique folklorique, presque spirituelle, qu'il souhaite transmettre pour éviter que les traditions se perdent. Présents sur le Maïdan au moment de la révolution qui a opposé pro et anti-Europe, ils apparaissent aussi comme un symbole de l'unification de leur pays. « Nous nous considérons comme des ambassadeurs et nousvoulons dire la vérité, dire ce qui se passe vraiment dans notre pays. » Les musiciens profitent donc de ces tournées à l'étranger pour changer la donne. « La plupart des Ukrainiens sont des personnes normales, ne sont pas des terroristes, pas des nationalistes. S'il n'y avait pas la Russie, il n'y aurait pas autant de problèmes à l'intérieur de l’Ukraine. » Et Poutine est dans leur viseur. « Le président russe ressemble à Hitler avec ses méthodes d'annexions et de référendums. »
Pour le quatuor, la crise s'étend d'ailleurs bien au-delà de leurs frontières et l'Europe doit comprendre qu'elle est à un moment charnière. « Les problèmes en Ukraine sont les problèmes du monde entier. » Derrière ses mots, un peu de ressentiment apparaît, notamment vis-à-vis de certains pays jouant, pour eux, un double jeu. Comme la France. « Nous savons que les Français nous soutiennent, mais c'est un peu paradoxal, car, en parallèle, ils vendent des Mistral à la Russie. Nous ne le comprenons pas. »
Le Monde